J’ai longtemps suivi l’adage de Gandhi : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde» Mais face aux crises politiques, écologiques et sociales actuelles, il me semble essentiel d’élargir cette démarche et d’explorer d’autres voies pour agir.
Mon objectif est simple : aborder des sujets qui, avec humilité, me paraissent essentiels pour continuer à nous transformer et à agir sur la société.
Ce matin, je souhaite réfléchir à une question qui est essentielle dans ma pratique de psychologue : Comment provoquer un véritable changement ?
Est-ce en agissant individuellement, en développant nos connaissances et notre conscience ? Ou en unissant nos forces pour transformer collectivement la société ? La réponse n’est pas simplement binaire, elle est bien sûr complexe, et nature systémique. Je voudrais m’appuyer sur une figure qui m’inspire particulièrement pour y réfléchir : Don Quichotte de Cervantès, et avec lui, Jacques Brel, qui a sublimé ce personnage dans L’Homme de la Mancha en 1968.
Don Quichotte incarne la tension entre réalité et rêve. À travers son imagination, il réinterprète le monde : des moulins deviennent des géants, des auberges des châteaux, des paysannes des dames de haute lignée. Ce décalage illustre à la fois la force et la fragilité de l’idéal. D’un côté, il représente la beauté du rêve, le refus du conformisme et l’espoir en un monde meilleur. De l’autre, son aveuglement face à la réalité le mène à l’échec, au ridicule et à l’incompréhension des autres.
S’il est fou, il porte aussi une grandeur qui manque au monde rationnel et cynique qui l’entoure. Son parcours montre que les rêves ont le pouvoir de transformer la réalité, mais qu’un excès d’idéalisation peut aussi mener à la désillusion.
Ce chef-d’œuvre est un hymne à l’audace, à la résilience et à la quête de sens. Il éclaire d’une lueur poétique un monde assombri par l’innommable. La poésie est essentielle : comment expliquer autrement que Hugo, Rimbaud, Baudelaire, Aragon restent nos références, eux qui touchent à l’essence de l’humain ? Enfin, la poésie n’exclut pas la lucidité : rêver ne signifie pas fuir la réalité.
Don Quichotte, au-delà de sa folie, incarne la force de l’idéal. Il nous rappelle que les rêves, même irréalisables, donnent du sens à l’existence et permettent d’échapper à une réalité parfois insoutenable. Mais aussi, le rêve assure la capacité de voir au-delà de l’apparence et de l’évidence, qui nous enferment dans des interprétations sommaires, limitées et clivantes de la réalité.
Autrement dit, le rêve a sa fonction pleine et entière. Il permet la créativité et la remise en question des évidences… car aucune évidence n’est le réel. Le réel est d’une complexité infinie et le rêve en est une partie.
Je reprends l’exemple de Don Quichotte qui incarne la lutte entre un réalisme oppressant et l’espoir d’un monde meilleur. Il nous exhorte à ne jamais renoncer à rêver et à agir, malgré les obstacles, et nous invite à combattre l’injustice, à refuser l’inaction, à imaginer et bâtir un monde plus juste.
La véritable force ne réside pas uniquement dans le succès ou les grandes transformations, mais dans la fidélité à ses rêves et à ses valeurs, même lorsque la réalité semble insurmontable. Chaque engagement, chaque geste de bienveillance détient un pouvoir insoupçonné.
Don Quichotte ne change pas le monde à lui seul, mais il transforme ceux qui croisent sa route. En tant que psychologue engagée, en m’efforçant chaque jour de redonner aux individus une action consciente, intelligente et apaisée, en harmonie avec notre monde vivant.
En tant que psychologue engagée, je m’efforce chaque jour de redonner aux individus une action consciente, intelligente et apaisée, en harmonie avec leur propre monde intérieur et le monde extérieur.
J’espère, comme Don Quichotte, cultiver nos idéaux sans aveuglement, écouter la voix de nos rêves et transformer nos échecs en tremplins vers une existence plus juste et plus humaine.
Aujourd’hui, alors que nous sombrons inexorablement dans les guerres, la misère, l’injustice… La folie n’est-elle pas incarnée par les moulins à vent de notre monde, par des géants malfaisants ?
Allons-nous nous résigner à cette réalité brutale, indécente et injuste, ou poursuivre cette quête, avec ses doutes, ses espoirs et ses engagements ? Pouvons-nous rêver un impossible rêve, seule condition de survie de l’humanité ?
Et vous ? Que vous inspire cette réflexion ? Ce partage vous encouragera-t-il à vous interroger, à agir avec plus de conscience et de solidarité pour un monde plus juste ?
Mon rêve est de croire que nous serons de plus en plus nombreux à être des Don Quichotte en quête de l’inaccessible étoile.





